Les investisseurs ne fonctionnent pas comme des robots et l’effet des émotions n’a pas disparu avec toutes les nouvelles technologies, bien au contraire.
« Depuis l’effervescence des réseaux sociaux et l’instantanéité de l’information ces dernières années, ça s’est accentué », affirme Nicolas Karaoglanian, expert en finance comportementale et conseiller en gestion de patrimoine à la Financière des professionnels.
Il y a un phénomène de perception sélective fort présent, explique-t-il en entrevue.
« Quand la Bourse fluctue, les gens sont submergés d’informations négatives et croient à tort que c’est bien pire que ça ne l’est en réalité. »
En prenant un pas de recul, les investisseurs se rendent compte qu’ils n’ont pas perdu autant d’argent qu’ils ne le craignaient.
Le biais d’ancrage est aussi présent, observe-t-il. Les deux dernières années, les portefeuilles des investisseurs ont grimpé, peu importe leur profil, avec des rendements de 12 % à 20 %, relate-t-il, des rendements exceptionnels.
« Souvent, les gens prennent la date du 31 décembre 2024 pour évaluer la hauteur de leurs placements. Ils oublient qu’en janvier 2023, les placements valaient 100 000 $ de moins. Quand ils arrivent en janvier 2025 avec une perte de 5 %, ils pensent que c’est la fin du monde. Mais non, c’est la nature des marchés. Il faut s’attendre à en remettre sur la table. »
Même si les retraités vivent des émotions fortes, ils sont cependant moins enclins qu’avant à se ruer vers de brusques changements de stratégies financières.
Le fait que bon nombre de retraités d’aujourd’hui ont bénéficié de fonds de pension à prestations déterminées réduit l’anxiété, analyse François Martel, vice-président planification financière pour le Québec et l’est de l’Ontario chez BMO. « Ce type de coussin vient les épauler, contrairement aux générations qui suivent. »
Les Québécois qui ont une grande aversion au risque ne sont plus sur les marchés boursiers, en partie ou en totalité, observe François Martel, car ils en sont sortis il y a deux ans pour sécuriser leur argent dans les certificats de placements garantis à 4,5 % ou 5 %.
« Ce qui est une bonne chose en soi pour eux, parce que ça les aide à dormir le soir. »
Accès à l’information
L’accès à l’information en temps réel réduit les tendances de vents de panique et rassure les investisseurs, selon François Martel. Dès qu’il y a une annonce de baisse, les gens ont accès à leur portefeuille en ligne et voient ce qui se passe, explique-t-il. « Les gens constatent souvent que les placements ont peu fluctué, puisqu’ils sont bien diversifiés. »
Les retraités ont plus d’expérience en investissements que la génération précédente, parce qu’ils sont dans les marchés depuis 20 ans. Ils ont connu 2001, 2008, 2018 et la pandémie. Ils ne réagissent pas aussi fort que les retraités des années 2000, précise-t-il.
À la Financière Banque Nationale, Denis Grenon, conseiller principal en gestion de patrimoine, constate que le téléphone sonne quand même toujours un peu plus dans les moments de volatilité.
« Les portefeuilles des retraités ont de la liquidité pour un an ou deux ans, explique-t-il. Alors on rassure nos clients, on leur rappelle leur planification, leur rendement attendu de 5 %. »
“C’est sûr qu’on est dans un marché un peu spécial, car il n’y a qu’une personne qui décide pour tout le monde ce qu’il va arriver.” - Denis Grenon, conseiller principal en gestion de patrimoine à la Financière Banque Nationale.
« La clientèle plus à risque d’avoir des réactions » a été contactée et rassurée, indique de son côté Ariane Adem-Bégin, directrice principale, planification pour les clients à valeur nette élevée chez Services-conseils de gestion de patrimoine, Gestion de patrimoine TD.
« Les clients ont un plan de décaissement préparé avant de prendre leur retraite, explique-t-elle. Donc, en ce moment, nos retraités ne sont pas en train de piger dans leurs épargnes qui sont investies et qui ont fluctué beaucoup dans les dernières semaines. »
Voir l’article initialement publié sur le site conseiller.ca.