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Impact économique

Afin de vous éclairer et de stimuler votre réflexion face au contexte actuel, Stéfane Marion et Denis Girouard se penchent sur l’actualité économique et vous partagent leurs perspectives via nos vidéos informatives mensuelles.

Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Nous sommes aujourd'hui le 11 juillet 2024 et comme à l'habitude, je suis en compagnie de notre chef économiste Stéfane Marion. Bonjour Stéfane.

Bonjour Denis.

Encore une fois, on va débuter notre rencontre avec les performances boursières. Encore une fois, c'est les mêmes titres qui performent.

Oui, c'est un été chaud, puis pas seulement au niveau de la météo, c'est au niveau de la Bourse. Ça va bien Denis, un rendement annuel année à date, si on prend l'exemple de la bourse américaine qui est un nouveau record, puis la plupart des bourses mondiales, c'est un nouveau record, près de 17%. Mais t'as absolument raison. Le secteur de la haute technologie incluant les télécoms fait extrêmement bien là, des rendements de plus de 30%.

Quand on parle de TMT là, technologie, média et télécommunications, donc encore une fois prennent une part importante là dans la croissance des bénéfices, pas des bénéfices mais des rendements.

Énormes, Denis, mais de sorte que la valorisation c'est près de 40% de la valorisation des marchés américains qui est représentée par les TMT dont tu parlais. Denis, il faut retourner au début des années 2000 pour voir une proportion aussi élevée. Donc ce qu'on en constate c'est que 40% de la valorisation est due à la haute technologie. Par contre leur part des bénéfices est autour de 24%. Donc il y a de grandes attentes au niveau de la livraison des bénéfices de ces secteurs-là.

Donc malgré la performance qu'on a connue au cours des derniers mois, les analystes croient que cette performance-là va encore continuer à s'accentuer dans la prochaine année, et même dans d'autres secteurs aussi.

Pire que ça Denis, on pense que ça va s'accélérer même. Donc au niveau des bénéfices par action qui sont prévus autour des 12 prochains mois on accélérait la cadence, là on passerait de 11 à 13%. Puis vous remarquez qu’au niveau de la haute technologie, on parle d'une cadence de croissance des bénéfices de 20% par rapport à 13% pour l'ensemble du marché, donc encore une fois de très grandes attentes. Mais l'accélération est presque généralisée pour tous les secteurs mais dominée par le secteur de la haute technologie. Donc c'est beaucoup d'espoir pour une accélération des bénéfices à ce moment-ci du cycle.

Mais Stéfane, est ce que nos analystes sont trop optimistes par rapport à ce qu'on voit présentement dans l'économie ?

Bien ce qui dérape un peu dernièrement, Denis, c'est que les surprises économiques sont devenues soudainement pas juste négatives, très négatives. Donc ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de croissance, mais on est en deçà de ce qui est prévu au niveau des données économiques. Puis là Denis ou ça achoppe, c'est qu’avec la lecture actuelle au niveau de l'indice des surprises économiques qui est produit par Bloomberg, on parle de près de 2 écarts types de déviation en termes de surprises négatives. Puis historiquement, Denis, si on regarde la diapo au niveau des petits bâtonnets ici, c'est lorsqu'on a la lecture actuelle surprise économique négative bien historiquement les bénéfices, la croissance des bénéfices sur 12 mois est revue à la baisse de près de 9 points de pourcentage donc est ce que ce sera le 13% ou ce sera plus proche de 4% ? C'est là où le marché devra composer avec les données économiques. Puis la saison des bénéfices est à nos portes, à surveiller.

Puis en même temps, on a un marché du travail qui se détériore.

Ok, fait que, les données, mais c'est ça. Donc quelle est la part du marché du travail dans la détérioration des marchés des données économiques ? Oui on a un taux de chômage maintenant aux États-Unis qui est au-dessus de 4%, faut retourner en 2021 donc pendant la COVID si vous voulez pour voir un marché du travail qui est autant sous pression. Donc ça c'est les données actuelles données Denis, où on s'en tient au niveau de l'économie américaine.

Puis pour juste en rajouter un petit peu plus, l'indicateur à avancé économique est aussi à la baisse.

Donc faut regarder où on se situe présentement, mais après ça faut regarder où est ce que certains indicateurs semblent pointer à l'horizon. Et dans ce contexte-là, l'indicateur avancé pour l'économie américaine vient de tomber au bas de la COVID. Donc c'est très rare qu'on voit un indicateur de perspective économique retomber au creux du cycle précédent. Tout ça pour dire Denis qui a fort à parier que l'économie américaine sera plus faible que ce qui est attendu au niveau des analystes économiques mais aussi des analystes financiers et au niveau des entreprises qui semblent peut-être être un peu agressives au niveau de leurs perspectives de croissance des bénéfices.

Donc faut être prudent.

C'est des marchés qui regardent encore maintenant pour, qui ne semblent pas tenir compte d'une récession, peut-être, mais dans tous les cas un très fort ralentissement économique.

Donc faut faire attention sur les prévisions de croissance des bénéfices dans les prochains mois.

Soyons pas trop gourmands.

Oui c'est ça exactement. Si on revient au Canada, le taux de chômage, lui, continue à faire sa croisade par le haut.

Oui, on est au-dessus de 6%, on est à 6.5% au Canada, Denis, mais j'aimerais peut être mettre l'emphase au niveau des jeunes, parce que c'est là que ça achoppe. Donc on est à plus de 13%. Denis, c'est un sommet de 10 ans pour le taux de chômage chez les jeunes, donc un environnement difficile qui reflète une politique monétaire restrictive. On sait que la Banque du Canada a déjà commencé à baisser les taux au niveau de l'économie canadienne aussi, il y a des pressions au niveau du marché du travail et je pense que le marché du travail au Canada va continuer de se dégrader pour un certain moment, tant aussi longtemps qu’on n’a pas des baisses de taux un petit peu plus agressives de la banque du Canada. Je pense qu'elles vont venir, Denis, mais. encore une fois, c'est des politiques monétaires qui demeureront restrictives d'ici à la fin de l'année.

Puis, on parle souvent au Canada d'un atterrissage en douceur. Est-ce que c'est encore le cas ?

La Banque du Canada fait grand état qu'elle pense que c'est mission accomplie au niveau de l'atterrissage en douceur. Denis, il y aura toujours un atterrissage, mais je peux vous dire que dans certaines régions du Canada, ce n’est pas en douceur présentement. Parce que dans le Grand Toronto par exemple, qui représente 20% de l'économie canadienne, c'est une grande ville, une grande métropole, les ventes au détail sont en contraction de 4% présentement dans le trimestre, ce qui reflète une détérioration du marché du travail. Donc tout ça pour dire Denis, soyons prudents au niveau canadien aussi. De toute façon les marchés boursiers s'attendent déjà à un ralentissement au Canada, ça on le on le voit très bien dans certains secteurs ce n’est pas aussi gourmand qu'aux États-Unis au niveau des anticipations de croissance mais au niveau de l'atterrissage il y en aura un, mais est ce qu'ils seront en douceur ou non ? À surveiller au Canada. Donc ne pas prendre pour acquis que c'est mission accomplie déjà pour la Banque du Canada, à surveiller.

Puis au même moment, bien on a l'inflation, on n'a pas parlé encore, donc c'est notre sujet favori. Là, tu nous amènes sur la zone euro pour expliquer un phénomène-là qui se produit présentement.

Géopolitique. Des élections qui amènent des gens à déserter les partis qui étaient au pouvoir pour se tasser un peu plus vers la gauche, que ce soit au Royaume-Uni, que ce soit en France. Tout ça pour dire Denis, que l'environnement actuel on a des politiciens qui prennent le pouvoir en faisant de grandes promesses au niveau de l'inflation qui gardent une certaine persistance au niveau de l'inflation des services. Puis ça on le voit un peu partout. Même l'inflation qui a été publiée aux États-Unis ce matin qui était meilleure que prévue fait état de l'inflation dans le secteur des services qui est à 4.7%, dans la zone euro c'est du 4%, au Canada aussi l'inflation des services, ce qui ligote un peu les banques centrales dans leur capacité de baisser les taux agressivement. C'est la raison pour laquelle il faut être prudent au niveau des perspectives de croissance de l'économie et au niveau des bénéfices. Donc le fait que les banques centrales n'ont pas la capacité de baisser les taux agressivement. Puis ça c'est un phénomène planétaire avec des politiciens qui ont une tentation énorme de dépenser plus. Ce qui en rajoute un petit peu plus au niveau de l'inflation. Donc à surveiller, t'as des composantes de stagflation présentement qu'on voit dans certains pays.

C'est intéressant parce que nos politiciens veulent voir l'inflation diminue, mais en même temps, ils ont des programmes très expansionnistes au niveau des budgets suite à des élections. Donc, il y a encore une fois une forme de dichotomie entre le discours politique et puis la réalité économique.

Puis, c'est la raison, Denis, pour laquelle les actions font bien présentement. Mais le marché obligataire, lui, fait moins bien parce que on doit composer avec cette incertitude politique qui, je pense, sera très, très présente avec nous en 2025. On n'aura qu'à penser à l'élection américaine qui s'en vient aussi pour ajouter un peu de piquant dans tout ça ?

Merci Stéfane et merci à vous tous de vous être joints à nous aujourd'hui pour cette capsule économique. On se revoit début septembre, on fait relâche au mois d'août. Merci à bientôt.

Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Nous sommes aujourd'hui le 11 juin 2024 et je suis comme d'habitude en compagnie de notre chef économiste Stéfane Marion. Bonjour Stéfane, on va faire différent aujourd'hui, on parle de baisse de taux.

Oui c'est différent, écoute, première baisse de taux en plus de 4 ans. Denis, en fait on a vu la dernière fois, on a eu baisse de taux à la veille des élections américaines, l'année d'élection présidentielle américaine. Ça se répète l'histoire, des baisses de taux, mais je ne pense pas que ça à cause de l'élection présidentielle qui a des baisses de taux.

Croirait pas.

Non.

Il y a d'autres facteurs.

D'autres facteurs, puis la politique monétaire demeure très mordante au Canada. Puis la raison pour laquelle il y a des baisses de taux en fait le premier pays du G7 qui a baissé les taux, c'est le Canada. Puis ça reflète Denis, le fait que la politique monétaire elle mord. Puis on voit une baisse des profits qui est plus prononcée au Canada, qu'aux États-Unis, ce qui permet à la banque d'être un petit peu plus agressive avec une baisse de taux.

Puis en même temps, on voit que l'emploi stagne au Canada, donc y a plus vraiment de création d'emplois comme tel.

Ouais, les politiciens ont de la difficulté avec ce concept là que les profits sont reliés au marché de l'emploi Denis. Puis faut pas l'ignorer, l'emploi dans le secteur privé stagne depuis quelques mois. Qui plus est, le dernier rapport d'emploi fait état de 7 provinces sur 10 qui ont enregistré une baisse au mois de mai. Donc tout ça Denis mettait la Banque du Canada en position d'y aller avec un certain allègement au niveau de sa politique monétaire.

Puis quand on revient à l'inflation, on voit encore que si le logement n’était pas, faisait pas partie du calcul dans l'inflation, l'inflation serait beaucoup plus bas que la cible.

Ouais en fait ce qui pourrait surprendre dire "Ouais mais mon Dieu l'inflation est encore à 2.7% pourcent la banque du Canada baisse les taux?" C'est le secteur du logement qui garde l'inflation à plus de 2. 7%, c'est à peu près 30% de l'indice de l'inflation aux États-Unis. Remarque Denis que ex-logement, puis on en a parlé souvent, on est à un 1.2%, donc la banque du Canada était justifiée de le faire. Qui plus est Denis, peut-être qu'avec certaines baisses de taux on va inciter les promoteurs immobiliers à rajouter de l'offre sur le marché qui est très- un marché du logement qui est très déficitaire au moment où on se parle.

Donc atténuer cette composante-là de prix à la hausse dans le logement en ayant des baisses de taux.

Oui, donc faut pas être trop agressif, mais je pense que il y a lieu de penser qu'on peut faire 75 peut-être 100 points de base ou un point de pourcentage de baisse de taux cette année. Après ça faudra voir ce qui se passe en en 2025, mais pour le moment il y a lieu de penser qu'il y a un peu plus d'allégement monétaire qui s'en vient au Canada. Je pense une bonne nouvelle.

Puis en même temps, mais on voit que les données économiques ralentissent.

Oui, aux États-Unis on pense que l'économie américaine est immunisée à des hausses de taux, faut pas oublier qu'ils ont eu un stimuli budgétaire sans précédent déployé en 2024. Mais depuis quelques semaines Denis, on s'aperçoit ouh il y a une perte de momentum au niveau de l'économie américaine puis les surprises économiques deviennent plus décevantes.

Et eux aussi au niveau de l'emploi, on voit une certaine forme de ralentissement.

Lorsqu'on commence à toucher le profit des entreprises, les entreprises sont plus hésitantes au niveau de certains types d'embauche puis aux États-Unis, ce que l'on constate, c'est que les entreprises sont beaucoup moins agressives au niveau de l'embauche de travailleurs à temps plein, donc c'est quand même en décroissance. Denis, une décroissance d’un point de pourcentage de l'emploi à temps plein comme on le constate présentement aux États-Unis, c'est inédit en dehors d'une récession. Donc clairement la politique monétaire commence à mordre aux États-Unis.

Par contre malgré cela, l’inflation ne baisse pas.

Là tu vas me poser "Pourquoi la Réserve fédérale baisse pas ses taux déjà?", bien parce que l'inflation demeure persistante. Ça fait 4 mois de suite que l'inflation mensuelle, le changement mensuel, sort au-dessus du 3% donc, ce qui est bien au-dessus de la cible de 2% de la Réserve fédérale. Donc ce qui se passe aux États-Unis, c'est que j'ai un perte, une perte de momentum de l'économie. Oui, je subis l'impact de la politique monétaire restrictive, mais en même temps, on en a souvent parlé le stimuli budgétaire qui a été déployé aux États-Unis en 2024 est sans précédent donc j'ai dilué l'impact de la politique monétaire et j'ai stimulé l'inflation.

Donc les composantes de l'inflation aux États-Unis ne se comparent pas aux composantes de l'inflation au Canada. Il y a une forme de dichotomie entre les 2?

Oui, au Canada, c'est un problème d'offre de logement qui est à la source de l'inflation, surtout aux États-Unis c'est une demande qui a été stimulée par le budgétaire américain. Puis en même temps, si on vient au niveau international, bon on voit que le coût des transports continue à exploser.

Là Denis, on ne peut pas tout avoir dans la vie. Parce que j'ai un semi-budgétaire avec une politique monétaire qui est restrictive, mais en même temps j'ai une guerre de clochers entre plusieurs gouvernements, un protectionnisme beaucoup plus important, puis avec toute la structure tarifaire qui a été majorée aux États-Unis en dernier mois mais je me retrouve aussi dans un contexte où les coûts de transport maritime ont augmenté de 400%. Ah là, ça amène beaucoup d'incertitudes par rapport à quel genre de décélération d'inflation je vais voir alors que les politiciens mettent des structures tarifaires plus importantes qui vont stimuler l'inflation.

Exactement. Puis en même temps, au niveau des performances au niveau des actifs économiques on se rend compte que ça a bougé quand même pas mal là.

Marchés financiers- en tout cas, du moins pour la première moitié d'année, ça a été une relativement bonne cuvée. À part le secteur obligataire, toutes les autres classes d'actifs ont bien performé. Remarque par contre que le S&P TSX, au niveau des actions traîne un peu la patte par rapport à toutes les autres régions du monde. C'est nous qui performons moins bien, même si c'est 6%. C'est au-delà de l'inflation. Mais c'est une bonne cuvée. Oui, pour un investisseur canadien. Jusqu'à présent, l'ensemble des marchés financiers, outre le marché obligataire.

Puis on voit en même temps que l'écart de performance entre le marché de l'équité aux États-Unis et du Canada continue à grandir. Oui, je dois dire, je suis un peu frustré.

On en a parlé la dernière fois, mais là ça continue encore.

Oui puis c'est frustrant parce qu'au 2e trimestre, il y a très peu d'expansion de multiples au Canada au niveau de la bourse alors qu'on le constate partout ailleurs, puis l'écart de valorisation entre le Canada et les États-Unis, au 2e trimestre présentement, il est de revenu à son écart historique. Je dois dire, ça m'agace lorsque je constate ça.

Ça a un impact, ça veut dire que les investisseurs étrangers n'investissent pas dans les actifs canadiens présentement.

Il y a beaucoup d'incertitudes par rapport aux politiques économiques canadiennes présentement, puis je dois te t'avouer que depuis le début de 2023, la tendance, c'est que les étrangers investissent dans les autres marchés boursiers, mais pas au Canada. J'ose espérer que tout ça va se corriger pour 2025. Je pense qu'on devrait être en position de mieux faire. Des baisses de taux qui vont aider à stimuler l'économie, les profits et qui sait, peut-être des politiques économiques un petit peu plus porteuses pour le pays et pour nos entreprises.

Est-ce que tu veux t'avancer sir les prochaines baisses de taux au Canada?

C'est une bonne question. Écoute, je pense qu'on peut aller jusqu'à un point de pourcentage.

D'ici la fin de l'année?

Je pense que oui, 75 donc 2 à peut-être 3 autres baisses de taux, mais après ça Denis, faut pas ambitionner. Pourquoi? N'oublions pas que l'année d'élection au Canada, c'est 2025 au niveau fédéral et que nous, on a un stimuli budgétaire qui s'en vient dans le pipeline pour 2025, ce qui pourrait limiter la marge de manœuvre de la Banque du Canada. C'est la raison pour laquelle je mets beaucoup de volatilité dans notre prévision de taux de change où le dollar canadien se déprécie cette année pour s'apprécier l'année prochaine, alors qu'on pourrait avoir une surperformance de l'économie canadienne par rapport aux États-Unis.

Sur ça, merci Stéfane et merci à vous tous d'avoir participé encore une fois à Impact économique. On se revoit à la prochaine. Merci, au revoir.

Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Nous sommes aujourd'hui le 14 mai 2024 et je suis en compagnie de notre économiste en chef, Stéfane Marion. Bonjour Stéfane.

Bonjour Denis.

Bon matin. On recommence encore avec les chiffres au niveau des performances du marché boursier.

Oui, qui n’était pas très bonne en avril, on a terminé avec un mois négatif. Par contre Denis, depuis le début du mois de mai on a repris un peu de terrain perdu en fait, de sorte que le trimestre à date est légèrement positif au niveau des actions mondiales. Remarque, par contre, le Canada fait un petit peu mieux que la Bourse mondiale, ce qui est une exception depuis le début de l'année-là de trimestre à date.

Est-ce que la bourse au Canada c'est à tous les niveaux, mais aussi dans le certains secteurs bien spécifiques?

Non, en fait Denis c'est plutôt des secteurs plus associés à l'incertitude par rapport à peut-être des perspectives d'inflation ou puis de croissance économique. Parce que on constate que trimestre à date au Canada c'est le secteur des matériaux, donc les aurifères, en hausse de près de 12% sur le trimestre, près de 18% année à date. Constate aussi, secteur énergétique, près de 4% de croissance géopolitique hein, qui est difficile à lire présentement et un gain de 16%. Donc n'eut été de ces 2 secteurs-là c'est certain que la bourse Canadienne serait pas en hausse de 6.4%. Donc c'est principalement les aurifères, le secteur énergétique, puis le secteur minier aussi là dans tout ça.

Donc tout ça est lié à la perspective des taux d'intérêt et les taux d'intérêt, ils semblent vouloir être à un haut présentement-là. On sent avoir une tendance légèrement à baisser.

Oui, je pense Denis que c'est correct de supposer que les banques centrales ont fini de monter les taux. En tout cas, c'est notre scénario. La question maintenant, c'est à quelle vitesse vont pouvoir les baisser? Donc on détecte que dans les économies émergentes, il y a des légères baisses de taux qui ont déjà eu lieu. Certaines économies avancées ont commencé à baisser les taux. On pense à la Suède. Peut-être la zone européenne qui veulent faire très bientôt. Mais on demeure à des niveaux de politique monétaire restrictive. Mais à grosse question, Denis, qu'est-ce qui va se passer aux États-Unis?

Exactement, au niveau de l'inflation surtout. Parce que dans le fond, c'est toutes des anticipations de baisse de taux. Les baisses de taux ont toujours été dans nos derniers discours en fonction d’où va se situer l'inflation, mais l’inflation ne baisse pas vraiment.

Oui, en fait, ce qui a été téméraire de Jérôme Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, c'est d'avoir supposé dès le mois de novembre passé, qui était en position de baisser les taux agressivement en 2024, ce qui a mené justement à cette remontée fulgurante de la bourse. Or la réalité Denis, c'est que depuis 3 mois, l’inflation ne collabore pas. Ça fait 3 mois consécutifs où le changement mensuel annualisé est bien au-dessus de la cible de 2% de la Réserve fédérale. Donc la Banque centrale est un peu menottée par rapport à ce qui se passe au niveau de l'inflation globale.

Puis une des bonnes causes c'est la rémunération.

Avec un taux de chômage en deçà de 4%, on se retrouve aussi avec une accélération de la compensation des travailleurs. Donc on carbure à du 4.8% annualisé. C'est un rebond par rapport au trimestre précédent. Donc clairement ce ne sont pas des chiffres qui sont porteurs pour des baisses de taux imminentes aux États-Unis.

Puis on a eu le chiffre d'emploi au Canada récemment.

Oui, au Canada, une dynamique d'inflation qui est due à autre chose. Bon chiffre d'emploi était très fort Denis, j'en conviens. Par contre malgré la hausse de 90,000 emplois, le taux de chômage n’a pas baissé. Et puis là je sais, avant que tu me poses la question, pourquoi y a pas baissé? C'est parce qu'il y a une croissance fulgurante de la population en début 2024. Après seulement 4 mois, la population en âge de travailler est déjà en hausse de plus de 400,000 individus. La moyenne historique, c'est 100,000 en fait 110,000 individus pour les 4 premiers mois de l'année. L'année passée, c'était un record, on avait dévié de tout ça 280,000. Denis, on est 47% plus élevé que l'année passée au niveau de la croissance de la population donc on se dirige vers un nouveau record de croissance de population présentement.

Donc l'année dernière, on avait une croissance de population d'à peu près 1.3 millions.

1.3 millions.

Mais cette année tu anticipes quoi, avec un chiffre comme ça?

J'avoue qu'on on avait pensé que ça allait être 1 million, mais peut-être que c'est pas le cas. Puis, une des raisons pour ça, c'est parce que le gouvernement fédéral a averti les gens qu'à partir de 2025, il y aura un ralentissement au niveau des entrées d'étudiants étrangers, de travailleurs temporaires, donc Denis, il y a fort à parier que plusieurs gens qui voulaient venir au Canada sont en train de devancer leurs plans pour pas être pris avec cette contrainte de 2025. Donc je pense qu'il faut revoir à la hausse Denis, on est en voie de surpasser 2023 qui était un année record. Donc il y aura des enjeux économiques de ça Denis là.

Mais en même temps, on sait bien que l'inflation reste élevée, mais c'est aussi du beaucoup du loyer. Puis là quand on regarde à travers le Canada, on voit vraiment que la hausse du loyer est incroyable.

Mais je n’arrive pas à bâtir assez de maisons pour les gens qui viennent présentement. Donc les gens sont obligés de se repositionner via de la location, puis la réalité, Denis à 8.5% l'inflation des loyers est la plus élevée depuis 1980. Note que dans certaines provinces, bon, au Québec, c'est du 10%, en Alberta c'est du 14% où la croissance démographique est la plus forte au monde. Donc tout ça limite la capacité de baisser les taux de la part du Canada. Je continue de penser qu'ils vont baisser les taux cet été, peut-être à partir du mois de juillet, mais les baisses de taux sont moins agressives que ce qu'on a vu par le passé. Pourquoi? Parce que je dois composer justement avec cette croissance démographique qui s'accélère au lieu de décélérer comme tout le monde s'attendait.

Le mois dernier, on avait parlé de l'électricité aux États-Unis. Là ce mois-ci, tu veux nous parler de l'électricité au Canada, de la consommation d'électricité.

Oui, Denis, parce que ce n’était pas censé se passer comme ça parce que depuis 15 ans au Canada, on a une demande d'électricité qui est plutôt stable. Aux États-Unis c'est en train de reprendre parce que j'ai un processus de relocalisation de la production manufacturière, au Canada on n'a pas commencé à faire ça, on a annoncé des subventions, bon, c'est pas confirmé, concrétisé en en production à présent. Par contre, au Canada, c'est avec l'augmentation fulgurante, encore une fois, de la population que je me retrouve dans "Oh mon Dieu, je suis surpris la demande d'électricité est en hausse."

Donc on le voit sur les graphiques, mais en même temps on commence à avoir un déficit de production d'électricité au Canada, ce qui est une première.

Denis, personne ne s’attendait à ce que ça reprenne de façon aussi importante, mais faut pas oublier, j'ai fait croître la population Canadienne de 4 millions dans les 4 dernières années. Normalement, je suis de refaire ça sur 10 ans, donc j'ai fait ça en seulement 4 ans. Ce qui fait en sorte que je me fais surprendre. De sorte que, avec de l'hydroélectricité moins abondante de la Colombie-Britannique et du Québec bon, des bassins d'eau moins remplis qu'à l'habitude. Pour la première fois de l'histoire canadienne, en fait, depuis au moins 2008, je me suis retrouvé qu'un déficit électrique au Canada. Donc j'ai dû importer de l'électricité des États-Unis pour pallier à mon manque à gagner au Canada l'hiver passé.

Quand on garde la consommation d'énergie en Ontario, parce que c'est intéressant de faire un certain parallèle. On se rend compte qu'on a probablement été à pleine capacité au niveau de la production nucléaire et que là, ça se transpose sur le gaz naturel.

Oui Denis, puis il faut bien penser que dans une ville comme le Grand Toronto présentement la croissance de la population est époustouflante. Là c'est 25 pourcent de toute la croissance de la population canadienne. Donc clairement ça amène des besoins énergétiques qui n’avaient pas été prévu, de sorte que pour pallier ou pour faire face à cette demande plus importante dans un contexte au total canadien où on a dû importer un peu, puis l'Ontario a été pénalisé. Je dois me repositionner sur de la production électrique qui est à base de gaz naturel. Donc on remarque dans la diapo que pour l'Ontario, j'ai presque doublé ma production d'électricité à base de gaz naturel qui est une énergie de transition en passant dans plusieurs pays hein, il n’y a qu’au Canada qu'on voit peut-être les choses un petit peu différemment. Mais ce qui se remet en question, Denis, est-ce qu'il est quand même possible dans un contexte-là de respecter le plan fédéral qui vise à décarboner le système électrique canadien dans les 10 prochaines années, avec une croissance de la population sous fulgurante, avant même que l'on commence à produire les voitures électriques qui auront besoin d'une consommation électrique. Absolument. Donc c'est moi je pense Denis, il faudra parier que on devra peut-être revoir les cibles de décarbonisation pour tenir compte de l'impact démographique. Faut pas oublier Denis, on l'avait dit le mois passé hein. Selon le plus célèbre démographe canadien, la croissance démographique, la démographie, explique 60% de tout, les 2/3 de tout, donc lorsqu'on voit l'impact démographique sur plusieurs secteurs canadiens, que ce soit les loyers ou l'électricité. On doit en tenir compte. Merci Stéfane. Et sur ce questionnement, nous vous proposons de surtout ne pas manquer notre prochain rendez-vous début juin. Espérons que nous avoir plus de clarté dans toutes ces données économiques. Merci, à la prochaine.

Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Nous sommes le 16 avril 2024 et je suis comme d'habitude en compagnie de Stéfane Marion. Bonjour Stéfane. Bonjour Denis. Alors on revient, bref rappel sur les performances des marchés boursiers dans le dernier trimestre.

En fait, le trimestre en cours Denis, on est au tout début, là c'est c'est le premier mois, ça fait à peine 2 semaines. Par contre on constate que c'est un peu plus difficile hein, puis c'est généralisé. Donc il y a un certain malaise dans le marché Denis. Ce malaise là se transpose comment ? La source principale c'est que les gens se font surprendre par une inflation qui est plus résiliente, en particulier aux États-Unis.

Où l'on constate qu’il y a beaucoup de mesures d'inflation qui surprennent à la hausse. Denis, ça, c'est le reflet d'une politique budgétaire très agressive aux États-Unis qui maintient une croissance plus élevée et qui veut dire croissance plus élevée, Denis, veut dire une inflation plus résiliente. Donc c'est un peu un vent de frustration pour les marchés financiers parce que jusqu'à tout récemment, on croyait que la Réserve fédérale, qui avait émis des propos en novembre dernier, en fait ce qu'il y avait mené à cette croissance fulgurante de la bourse, à l'effet qu'ils étaient en mesure de baisser les taux de façon agressive en 2024. Or Denis, on est presque retour à la case départ au niveau des obligations 10 ans aux États-Unis, alors que on doute maintenant de la capacité de la Réserve fédérale à pouvoir baisser les taux de façon agressive en 2024. Et pas seulement les taux d'intérêt qui montent, mais l'or aussi. Il n’y a pas que le marché obligataire évidemment Denis qui doute des décideurs politiques. Il y a aussi le prix de l'or qui atteint un record inégalé. Donc la ligne rouge en nominale, plus de 2200$ d'once, mais en termes réels, Denis, ajusté pour l'inflation, on est encore à 20% du sommet de tous les temps qui avait été observé en 1980. Denis, j'ai une prédiction à faire, je pense qu'on va revenir au sommet de tous les temps dans le contexte économique actuel. Donc ce prix élevé de l'or, c'est l'incertitude dans le marché comme dans le passé donc ce qu'on s'attend c'est que vraiment les taux d'intérêt risquent de baisser peut-être bien plus tard dans l'année, puis encore là, on est même incertains parce que on ne voit pas de ralentissement du tout là sur l'inflation. Pas pour le moment, puis aussi au niveau de la bourse. Le malaise dans un contexte la Réserve fédérale ne serait peut-être pas en mesure de baisser les taux agressivement, Denis, ne faut pas oublier que pour la bourse elle se transige présentement, le rendement sur les bénéfices est inférieur à ce qu'on obtient sur les encaisses aux États-Unis. Denis, ça c'est des phénomènes qu'on observe très rarement. En fait, c'est tellement rare que la dernière fois qu'on a vu ça c'est en 1998. Donc c'est une chose qu'on voit peut-être une fois par génération et en général ça ne dure pas. En général le rendement de la bourse pour compenser pour le risque doit être au-dessus de celui des encaisses, ce qui n’est pas le cas présentement. Donc si on doit revoir les prévisions de baisse de taux de la Réserve fédérale, il y a fort à parier que la bourse est vulnérable. On devra revenir à des valorisations qui reflètent peut-être une Banque centrale plus conservatrice.

Donc un risque plus élevé à être dans le marché boursier présentement, compte tenu de ce qu'on voit là, si les baisses de taux ne se matérialisent pas. Oui, puis en même temps, Denis, on doit composer, puis une des autres raisons pour laquelle les aurifères font bien, c'est le risque géopolitique ne va pas en diminuant. Récemment, on voit les événements au Moyen-Orient,

l'Iran, Israël maintenant. Donc on doit naviguer dans un environnement où on ne doit pas seulement gérer le risque au niveau des investisseurs, mais aussi l'incertitude. Or l'incertitude géopolitique emmène beaucoup d'incertitudes économiques et donc ça c'est plus complexe aussi pour les investisseurs. C’est pas de place à complaisance Denis. Puis si on regarde la moyenne des 5 dernières années, en fait, en plus d'une génération on n'a pas évolué dans un environnement d'incertitude économique comme on le voit présentement. Tout à fait, et en même temps la confiance des petites entreprises continue à baisser.

Mon Dieu, c'est comme pour les investisseurs ça Denis, les entreprises n'aiment pas l'incertitude. Puis la réalité c'est que pour les PME aux États-Unis, donc les petites entreprises, on vient de tomber à un niveau de confiance le plus bas en 11 ans. Faut retourner à la grande crise financière pour voir tout ça. Donc ça ce n’est pas annonciateur de croissance de l'emploi très vigoureuse au cours des prochains mois. À surveiller Denis, mais clairement il y a un impact là présentement.

Puis au même moment, on voit une demande accrue en électricité pour les prochaines années aux États-Unis, ce qui nous fait penser que peut être la décarbonisation ce n’est pas pour demain. Bien c'est ça qui est troublant Denis. Tu as des gouvernements qui ont fait plusieurs annonces à l'effet qu'on veut décarboner en telle ou telle date. Mais la réalité c'est que moi-même je me fais surprendre, dans un contexte où je n'avais pas prévu cette recrudescence de demande d'électricité. Oui, on prévoyait qu'il y allait avoir un processus de réindustrialisation en Amérique du Nord, par contre, le déploiement de l'intelligence artificielle est très énergivore, de sorte que pour la première fois en génération, on voit une recrudescence de la demande d'électricité. Or, Denis, la consommation d'électricité se fait surtout à base de gaz naturel et de charbon pour 60%. Donc, si on veut être cohérent avec ce qui se passe présentement puis qu'on veut réindustrialiser puis faire de l'intelligence artificielle, ça demande plus d'électricité. Il va falloir repousser à plus loin ces cibles de décarbonation qui ne tiennent pas la route dans le contexte actuel. Puis ce matin, bien on a eu le chiffre de l'inflation au Canada. Qu'en est-il un bien donner ? La bonne nouvelle, c'est qu'au Canada, contrairement au reste du monde, l'inflation surprend la baisse.

Le total demeure au-dessus de la cible, Denis. On est à 2.9 pourcent, la cible c'est 2 pourcent. Par contre, si on exclut la composante logement, on est à un point 4 pourcent. Donc ça ouvre la porte à des baisses de taux au Canada qui vont débuter avant les États-Unis, ce que le marché n'anticipait pas il y a quelques mois.

Sauf que le dollar canadien en subit les conséquences présentement. Il y a toujours un impact, Denis. Fait que oui, le dollar canadien est à par rapport au dollar américain, devrait continuer à se déprécier pour encore quelques temps, donc peut-être 3, 4 sous dépréciation supplémentaire pour refléter justement ces nouvelles attentes ou sa capacité de la banque du Canada à baisser les taux avant la Réserve fédérale.

Et puis pour baisser cette inflation-là, dû au logement, mais faut construire des logements. Ouais, Denis - puis une annonce à grande pompe d'Ottawa le 12 avril, à l'effet qu'on veut doubler le nombre de mises en chantier pour justement pallier à la pénurie de logements. Par contre Denis, c'est costaud comme commande parce que on veut doubler le nombre de mises en chantier alors qu'il y a déjà une proportion record de la main d'œuvre qui est employée dans le secteur de la construction. Ce n’est pas juste bâtir des logements Denis, c'est ce qui est afférent à la construction de logements, c'est des infrastructures, c'est des routes, c'est des écoles, c'est des hôpitaux, ce sont des égouts, donc beaucoup de besoin de construction pour les prochains, les prochains trimestres. Tout ça pour dire Denis, c'est que il y a au moins un secteur qui va bénéficier de la part des gouvernements, c'est le secteur de la construction pour encore plusieurs années. Ben merci Stéphane et merci à vous tous d'avoir écouté cette capsule. On se revoit début mai, à bientôt.

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