Bonjour tout le monde, bienvenue à impact économique. Aujourd'hui,
nous sommes le 11 juin 2025 et je suis en compagnie de notre chef
économiste Stéfane Marion. Bonjour Stéfane.
Bonjour Denis.
Approche un peu différente aujourd'hui, tellement de changements
structurels, qu'il faut les aborder.
Plein de choses. À commencer peut-être pour démystifier ce qui se
passe avec les États-Unis. Donc, on parle beaucoup d'incertitudes au
niveau mondial, mais l'incertitude frappe aussi les entreprises
américaines Denis, dans le sens où c'est vrai que le dernier rapport
d'emploi fait état d'une création totale d'embauche aux États-Unis,
mais remarque que les entreprises deviennent de plus en plus frileuses
à embaucher à temps plein. Pourquoi? Ben, on connaît mal le plan
d'affaires dans un contexte d'incertitude tarifaire.
Donc ça se traduit automatiquement par des emplois temporaires
versus des emplois plus réguliers, à temps plein, parce que justement
on sait pas trop ce qu'on va faire ces employés-là dans le proche avenir.
Donc avant de s'engager à moyen terme, les entreprises doivent avoir
un peu plus de visibilité. Puis ce manque de visibilité là se traduit
aussi sur la performance boursière aux États-Unis parce qu'on constate
que bon, il y a un rattrapage qui s'effectue aux États-Unis, puis bien
que la bourse aux États-Unis rattrape son terrain perdu, on n'a pas
encore atteint le sommet du mois de février dernier. Donc, le marché
boursier américain c'est pas celui qui performe le mieux actuellement.
En fait, il y a beaucoup d'incertitude par rapport au plan d'affaires
à venir là, puis au niveau des profits bien évidemment.
Puis on se reportera à croire que cette performance-là du marché
boursier, elle est mondiale dans le fait que les investisseurs sont
mondiaux. Mais, par contre, au même moment on voit que le dollar US
perd quand même, continue à perdre de la valeur. Donc, c'est des
investisseurs américains qui achètent la bourse américaine et non les
étrangers présentement.
De façon illustrée, donc t'as des gens qui achètent la bourse
américaine parce qu'il y a une remontée, mais je peux te confirmer que
ce sont pas les étrangers parce que eux boudent encore les actifs
américains, que ce soit des obligations ou des actions. La performance
du dollar américain, elle est très mauvaise de trimestre-ci. Déjà une
culbute de plus de 3.5 points de pourcentage. Donc, le dollar
américain sous pression reflète ce que tu dis, c'est que les
investisseurs étrangers, tant qu'ils auront pas mieux compris la
politique économique américaine, ça donne une petite gêne. Donc, un
marché américain qui est moins performant qu'ailleurs sur la planète.
Ou peut-être une des premières fois dans l'histoire, ou, en tout
cas, ça arrive pas souvent, c'est que le Canada est totalement à
l'opposé, alors que là aujourd'hui notre bourse connaît des nouveaux
sommets alors qu'on vient de dire les Américains, c'est le contraire.
Puis malgré que mon taux de chômage est à 7%, donc au niveau
cyclique, on est impacté négativement par les tarifs américains. On
peut pas s'engager, mais ce qu'on sait, c'est que dans la foulée de
l'élection au niveau du gouvernement fédéral, le gouvernement est
soudainement devenu beaucoup plus pragmatique et le discours du trône
déposé par le Premier ministre Carney au mois de mai fait état d'une
volonté d'améliorer le sort économique du Canada. Donc, je peux te
dire que les investisseurs, qu'ils soient canadiens ou étrangers, ont
pris bonne note de l'engagement du fédéral qui, pour la première fois
en plus d'une décennie, se concentre sur une meilleure performance de
l'économie, de sorte que le marché, lui, le marché boursier canadien,
lui, atteint un nouveau sommet malgré nos défis au niveau cyclique,
avec ce taux de chômage qui est en hausse.
Cette performance-là est pas strictement dans un secteur parce qu'on
voyait souvent c'était l'énergie qui était porteur dans le marché
boursier canadien. Cette fois-ci, c'est pas ça.
Ben si on relance l'économie canadienne, on veut relancer le marché
des capitaux. Donc faut pas s'étonner que dans ce contexte-là, les
banques canadiennes, les financières au Canada atteignent les nouveaux
sommets. Mais t'as absolument raison de souligner que si je suis prêt
à relancer l'économie canadienne, redéployer du capital privé au
Canada, de croître l'investissement, ben il y aura plusieurs secteurs
qui vont bénéficier. Donc il y a les matériaux, les produits
industriels, la consommation discrétionnaire, aussi les financières,
donc en général donc c'est quand même pas un seul secteur. T'as
absolument raison de mentionner si ça devient de plus en plus diffus,
donc ça c'est une excellente nouvelle que ce soit pas restreint un
secteur, donc c'est un engouement pour l'ensemble des actifs boursiers
canadiens qu'on voit actuellement.
Ça, ça se transpose aussi sur le dollar canadien. On le voit, à
l'instar de dollar US, dollar canadien fait des nouvelles percées.
T'as raison. Puis ça peut frustrer certains exportateurs parce que
le dollar canadien connaît ses meilleurs moments en plus de 4 ans
présentement. Donc, encore une fois, cette vision que, malgré les
défis cycliques avec lesquels on doit composer avec les tarifs
américains, ce qui est déployé au niveau structurel, avec l'engagement
des gouvernements à devenir des politiques plus porteuses pour
l'économie, ça se traduit par des gens qui disent Oh, savez-vous quoi,
le Canada semble intéressant dans ce contexte-là.
Ben on le voit, Monsieur Carney est en poste depuis peu, mais il
prend déjà des décisions et des décisions importantes qui amènent ce
niveau de confiance là des investisseurs dans le marché canadien,
parce que là il y a quelqu'un qui commande à Ottawa puis il sait
exactement où il s'en va.
Tu sais Denis, c'est l'engagement par rapport à relancer l'économie,
mais aussi des choses concrètes de dire, ben, le Canada ne sera plus
exclu de l'OTAN avec les dépenses les plus moribondes en dépenses
militaires, donc je m'engage à revenir dans le camp de l'OTAN, puis de
remettre mes dépenses à niveau, donc j'augmente soudainement, je vais
passer de 40 à 60 milliards mes dépenses militaires. C'est pas juste
de dire que je m'en vais dans le militaire, c'est de dire que je peux
relancer à la fois le militaire, puis dire ben, j'aurai un programme
d'approvisionnement qui soit porteur pour les entreprises canadiennes.
Donc ça m'amène à être beaucoup plus optimiste par rapport au secteur
industriel canadien et aussi du secteur manufacturier Denis.
Il était temps parce que tu nous amène d'un parallèle qui fait mal.
Quand on se compare à l'Irlande, ça fait peur.
Puis je sais que tu marchais en Irlande puis qui est même pas dans
mon graphique, mais vous savez, lorsqu'on a des dépenses militaires
les plus faibles des pays du G7, souvent ça va refléter un secteur
industriel qui est moribond. Puis, ce qu'on voit au Canada, c'est
qu'avec ce qui s'est passé dans les dernières années, on n'a pas
déployé nos politiques économiques de façon optimale. Ben, j'ai eu une
érosion du secteur manufacturier sans précédent, de sorte que,
croyez-le ou non là, Denis, la taille du secteur manufacturier
canadien est plus petite que celle de l'Irlande qui a une population
de 5 000 000, alors que nous, on a une population de 41 000 000. Donc,
Denis c'est un réveil brutal donc on doit relancer notre économie.
Puis, je pense que c'était c'est bien accueilli par les investisseurs,
donc finalement on fait quelque chose.
Tu veux aussi souligner l'ampleur des difficultés de construire les
entreprises, tout ça à travers toute la réglementation, mais la
prochaine slide elle fait peur.
Ben, ce que je veux démontrer c'est pourquoi l'Irlande a explosé,
ils ont pas les avantages comparés du Canada au niveau de
l'approvisionnement en ressources naturelles, en énergie, le bassin de
population n'est même pas là, donc pourquoi, comment eux l'ont fait?
Ben, ils ont eu des réglementations moins punitives pour le secteur
privé alors que nous on en a rajouté beaucoup, Denis. On a ajouté pour
la coquette somme de 320 000 mesures par le gouvernement fédéral
seulement depuis 2005.
Là tu exclus provincial et municipal.
Il y a pas de province, il y a pas de municipal là-dedans. Au
gouvernement fédéral, à lui seul, est responsable de 320 000
réglementations pour le secteur privé canadien. Au secteur
manufacturier, Denis, il y a une raison pour laquelle l'érosion, on a
rajouté 32 000 réglementations du secteur manufacturier au cours des
20 dernières années, puis on se retrouve à 110 000 mesures
présentement. Donc, faut donner à notre secteur privé la capacité de
s'exprimer. Puis la meilleure façon de le faire, ça serait pour le
gouvernement fédéral de montrer l'exemple et d'abaisser, d'éliminer
une bonne partie de la réglementation là, comme on le fait ailleurs
dans le monde. Donc, ça serait la meilleure nouvelle pour attirer le
capital en solde canadien.
Ben merci Stéfane, merci pour toutes ces mises au point qui sont
structurellement importantes parce qu'on vit des changements
importants présentement, puis ça, ça ouvre la lumière sur,
probablement, le positivisme qu'il peut avoir sur le Canada l'année prochaine.
Mais je pense Denis que les investisseurs se trompent pas. Je pense
que c'est peut-être les moments les plus optimistes pour l'économie
canadienne en plus d'une décennie. Reste à savoir maintenant la
prochaine étape, c'est la rencontre du G7 entre Monsieur Carney et
Monsieur Trump dans les prochains jours qui sera très très importante
parce que si on peut concrétiser une meilleure relation avec les
États-Unis, puis que le gouvernement fédéral s'engage à rendre plus
facile le déploiement du capital privé au Canada, Denis, les
valorisations, les écarts de valorisation dont on en a souvent parlé
entre les États-Unis et le Canada vont s'estomper donc.
Stéfane, ça fait longtemps qu'on n'a pas été optimiste de même.
C'est la cravate de l'optimisme.
C'est ça. Merci beaucoup. Merci à vous tous de vous joindre à nous
pour ces magnifiques capsules. On se revoit d'ici quelques semaines, à
bientôt, merci.