Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Aujourd'hui,
nous sommes le 2 septembre 2025 et comme à l'habitude, je suis en
compagnie de notre chef économiste Stéfane Marion. Bonjour Stéfane.
Bonjour Denis.
Beaucoup de choses se sont passées depuis notre dernier rendez-vous.
On commence par les performances de marché.
Il y a beaucoup d'eau qui a coulé sous les ponts, puis il y en aura
encore beaucoup Denis dans les mois à venir. Performance du marché
Denis, on est vraiment en dehors de cadres de guerre commerciale ou
guerre tarifaire comme on le pensait au cours des derniers mois, à
savoir que la bourse fait extrêmement bien au niveau mondial. Mais je
te dirais Denis, c'est parce que c'est pas vraiment une guerre
tarifaire, parce que c'est unilatéral, les Américains mettent des
tarifs et personne ne met de représailles de contre tarifs. Donc, ce
qui fait en sorte qu’au niveau du, de la façon dont un économiste
regarde ça, c'est un peu mélangeant ces temps-ci. Mais pour l'instant,
la bourse se comporte admirablement bien. Toutes les régions du monde
en hausse. Denis, le Canada, une des meilleures performances au monde
depuis le début de l'année-là, 15%.
Mais en même temps, il y a une contradiction, c'est que les chiffres
économiques sont pas si bons que ça, la production intérieure brute
elle n'est pas là.
Non t'as raison, les États-Unis continuent à afficher une croissance
positive de leur économie. Au Canada, ça été difficile au 2e
trimestre, Denis. Contraction du produit intérieur brut. Plus
important que ça Denis, c'est une contraction au niveau du revenu
intérieur brut, donc l'ensemble des revenus générés dans l'économie
canadienne en contraction de 3%. Donc, en général, si les entreprises
ont moins de revenus, ils vont investir moins, risque d'embaucher
moins et ça peut être laissé présager, encore une fois, une
performance économique couci-couça en 2e moitié d'année. Donc, jusqu'à
présent la bourse a intégré énormément de bonnes nouvelles, mais c'est
pas très bon jusqu'à présent.
D'accord, et en même temps les chiffres d'emploi ne sont pas bons,
tant au Canada qu'aux États-Unis, mais encore pire au Canada.
Bon bien la bonne nouvelle c'est que peut-être que ça ouvre, ça
entre-ouvre la porte à d'autres baisses de taux de la Banque du Canada
parce que, effectivement, s'il y a moins de revenus au niveau des
entreprises, puis on investit moins à cause de l'incertitude
commerciale qui perdure la diffusion, donc le pourcentage des
entreprises qui embauchent présentement au Canada, ben c'est en
dessous de 50%. Donc, ça laisse présager un taux de chômage qui
demeurera élevé, au-dessus de 7% pour les mois à venir. Et encore une
fois, Denis, peut-être que la bonne nouvelle dans ce contexte-là,
c'est qu'il y aura des baisses de taux au Canada pour aider à protéger
l'économie canadienne.
Mais depuis notre dernière rencontre, beaucoup de choses se sont
passées. Entre autres, Monsieur Carney fait des pieds et des mains
pour donner un peu de la vivacité à l'économie, semble vouloir
dépenser beaucoup d'argent.
Mais ça c'est la bonne nouvelle Denis, c'est que depuis qu'on s'est
vu, on a vu Monsieur Carney qui veut entamer un siècle de
déréglementation au Canada, il veut investir plus au niveau de
l'économie, donc il y a un stimuli budgétaire qui s'en vient en 2026
au Canada, c'est pour ça faut pas trop pessimiste pour l'économie
canadienne qui sera appuyée sur des dépenses, comme tu l'as dit,
importantes au total, mais ils sont aussi un élément de défense
nationale, dépenses militaires qui pourraient atteindre entre 3 et
demi à 5%, du jamais vu depuis la guerre de Corée, Denis. Et ça, je
dirais que, du moment où il y a un secteur, un système
d'approvisionnement pour les entreprises canadiennes, ça pourrait être
de bon augure pour la performance de l'économie en 2026. Il y a un
multiplicateur qui va venir avec ça qui pourrait être positif pour
l'économie canadienne.
En fait, il a dû te prendre au mot, parce que dans notre dernière
rencontre, on avait dit que la production existentielle, la base
industrielle au Canada, c'était une des plus faibles des économies
mondiales. Donc, il veut raviver ça.
Oui. Puis je pense que le message porte à Ottawa qu'il est
totalement anormal que nous soyons la 7e économie la plus importante
au monde or que notre secteur manufacturier soit le 18e au monde,
donc, ce qui fait en sorte qu'on ne met pas en valeur nos ressources
naturelles, on exporte des matières brutes et notre secteur
manufacturier beaucoup trop petit. Donc la façon de le recalibrer ou
de le grossir à court terme, moi je pense que ça passe par cet élan
qui pourrait provenir des dépenses militaires. Donc, il y a du positif
à ça pour la réindustrialisation de l'économie canadienne. Je pense
que c'est pour ça que la bourse canadienne performe bien présentement.
Ouais, on est quand même 12 à 18 mois en avance, donc c'est
peut-être ça qu'on voit.
Ouais.
Puis en même temps, il faut parler de tarifs naturellement parce
qu'on en parle beaucoup. Ça monte, ça descend, mais dans le fond ils
font juste commencer à mordre les tarifs.
Ben Denis, la performance boursière a été bonne autour du 2e
trimestre, puis toutes les régions ont montrer des bénéfices qui
étaient au-dessus des attentes, mais il ne faut pas oublier Denis,
faut pas être complaisant par rapport à les impacts des tarifs
américains parce que la collecte des revenus n'a commencé qu'au 2e
trimestre, plus précisément Denis, à la toute fin en date de juin.
Depuis juillet, ça s'accélère donc il y aura peut-être un impact plus
néfaste que l'on pense sur l'inflation et sur l'ensemble de la chaîne
d'approvisionnement mondial. Donc ça reste à prouver que tu peux
mettre des tarifs en place sans ramification pour l'économie mondiale.
Puis en même temps, on voit que, étant donné que les tarifs font
juste commencer à être en place, l’inflation ne bouge pas trop, c'est
toujours à l'entour de 3%.
C'est une grande source de frustration pour le président américain
parce que, qu'on le veuille ou pas, l'inflation présentement elle est
prise à 3%. Qu'un changement de 3 mois ou un changement sur 12 mois.
C'est bien au-dessus de la cible normale d'une Banque centrale dont la
Réserve fédérale qui est autour de 2%. Donc ça, ça chicote, ça
pourrait chicoter les marchés. Encore une fois, c'est peut-être la
preuve que l'impact des tarifs, on n'a pas vu l'entièreté de ce que ça
veut dire au niveau économique et financier.
Puis en même temps, au-delà de tout ça, les taux d'intérêt, eux ils
montent, puis ils montent beaucoup.
L'inflation plus persistante avec une Réserve fédérale qui peut
devenir plus politisée, parce que il y a des pressions à Washington
pour politiser la Réserve fédérale puis la forcer à baisser les taux,
fait en sorte que sur le niveau, le marché obligataire, Denis, dont tu
es un spécialiste, les taux de 30 ans aux États-Unis maintenant sont
autour de 5%, donc du jamais-vu depuis 2008, 2009. Ce qui est inusité,
Denis, c'est que la Réserve fédérale a déjà entamé un cycle
d'assouplissement monétaire. Puis depuis ce temps-là, les taux 30 ans,
les taux à long terme sont en hausse. Manque de discipline au niveau
de la politique budgétaire donc, même si on baisse encore plus,
l'enjeu pour les marchés boursiers et pour les marchés financiers à
moyen terme, c'est, qu'est-ce qui va se passer sur les taux d'intérêt
à long terme, si l'inflation ne se résorbe pas.
Effectivement, donc courbe des taux d'intérêts encore plus pentue.
C'est ce qu'on voit un petit peu là présentement.
Absolument, et donc la prime de risque sur les marchés, des actions
présentement, elle est autour de 0 où elle pourrait tomber négative,
donc c'est là où on entre dans une période où historiquement la bourse
peut être plus volatile. Si je n'arrive pas à faire baisser ces taux
tendant-là, il faut demeurer, il ne faut pas être complaisant pour les
prochaines semaines Denis. Donc, à voir comment tout ça se dessine. Ce
que l'on sait, c'est que pour l'année 2026, Washington veut déployer
un plan stimuli budgétaire d'envergure. Dépenser 600 milliards de
dollars dans un contexte des élections de mi-mandat. Je dois
contrebalancer ça avec des gains de productivité aux États-Unis qui
pourraient venir de déréglementation ou de déploiement d'intelligence
artificielle. On verra Denis, mais présentement, l'enjeu c'est que je
dois trouver une soupape pour permettre au taux long terme de baisser.
Et puis pour fermer la boucle, faut parler du dollar U.S. qui lui,
n'arrête pas de se déprécier.
Ah bien belle façon de terminer Denis. Si les investisseurs
étrangers boudent le dollar américain alors qu'ils détiennent 30% de
l'ensemble des obligations américaines dans un contexte d'incertitude
sur l'inflation, politisation de la Réserve fédérale, le dollar
américain sous pression, et dans ce contexte-là, c'est à surveiller
pour les prochaines semaines. Ça c'est pas terminé. Je pense qu'il a
encore un potentiel baissier plus important pour le dollar américain
parce que c'est une politique avouée de Washington de vouloir
déprécier la monnaie. Reste à voir maintenant l'impact sur
l'inflation, les taux d'intérêt, les marchés financiers, donc, gestion
du risque pour les prochaines semaines, Denis, important.
Notre dernière rencontre t'étais très positif. Est-ce que t'as gardé
ce positivisme-là?
Par rapport au Canada, je suis optimiste, je suis satisfait de voir
que finalement Ottawa prend une tangente qui est plus porteuse pour
l'économie en 2026. Cela étant dit, ce qu'il reste à prouver, c'est
que on peut mettre en place des tarifs de façon importante comme les
États-Unis le font présentement, ça va avoir des impacts plus
importants sur l'ensemble des marchés financiers. Donc, je pense que
la volatilité, l'accalmie qu'on a vu cet été, à surveiller cet automne
dans ce contexte d'inflation résiliente.
Effectivement. Merci Stéfane.
Merci.
Merci à vous tous de vous joindre à nous. Nous vous donnons
rendez-vous le mois prochain, début octobre. D'ici là, bon
investissement. Merci.