Vision : mensuel économique et financier
Cette publication produite par les experts de Banque Nationale Marchés financiers vous offre une analyse économique et financière détaillée.
Afin de vous éclairer et de stimuler votre réflexion face au contexte actuel, Stéfane Marion et Denis Girouard se penchent sur l’actualité économique et vous partagent leurs perspectives via nos vidéos informatives mensuelles.
Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Nous sommes le 14 octobre 2025, je suis en compagnie de notre chef économiste Stéfane Marion. Stéfane, en l'absence de nouvelles économiques dues aux considérations budgétaires aux États-Unis, en attente du budget de notre gouvernement, Monsieur Carney, on va parler différemment aujourd'hui, des choses différentes, de performance surtout, mais aussi de l'or.
Oui, je te dirais qu'en l'attente de toutes ces nouvelles-là Denis, il n'en demeure pas moins que c'est un autre mois, un autre quart au niveau de la bourse donc c'est comme ces investisseurs ne s'inquiètent pas trop, plus de 30% de rebond depuis le mois d'avril donc un nouveau record en octobre, Denis. Je peux pas te promettre de nouveaux records mois après mois d'ici la fin de l'année donc on verra parce qu'il y a un peu plus d'incertitudes qui se rajoutent mais oui, un autre bon mois pour la bourse.
Et tous les indices font bien donc tous les investisseurs devraient être quand même heureux.
C'est généralisé, puis s'il y a un type d'investisseur qui fait bien cette année, c'est les investisseurs canadiens. Donc en dehors des pays émergents, on remarque que la bourse canadienne fait bien, mais quelqu'un qui avait un portefeuille relativement équilibré, action, obligations, toutes les classes d'actifs sont en hausse cette année. Donc, malgré l'incertitude de guerre tarifaire, c'est un millésime à savourer pour les investisseurs canadiens, ce qui était pas à prévoir en début d'année, n'est-ce pas?
Et les indices boursiers au Canada quand même, c'est une séquence assez enviable.
Ben pour mettre le 20.7% en perspective Denis, sur un horizon de 3 trimestres, ce qu'on vient de faire, la dernière fois qu'on a une performance aussi bonne, plus de 20% de croissance en bourse canadienne, faut retourner à la sortie de la grande crise financière en 2009. Puis avant ça Denis, je te ramène en 1999 juste avant l'implosion de la bulle du Nasdaq, donc c'est très rare là que le Canada surperforme comme ça. L'indice mondial, mais aussi les États-Unis avec une divergence aussi grande, donc vraiment un millésime à savourer pour les investisseurs canadiens.
Non seulement le chef global est bon, mais tous les sous indices à l'intérieur du TSX sont excellents aussi.
Ben tout le monde est en croissance. Cela étant dit, il y a que 3 secteurs qui battent le 20.7%. Il y a le secteur des banques, il y a le secteur de la haute technologie, mais surtout Denis, je mets l'attention sur le 76% de croissance du secteur des matériaux, puis y avait une classe d'actifs à l'intérieur des matériaux qui a brillé dans tout ça Denis.
Ouais, faut parler de l'or.
Ce qui nous amène à parler de l'or. Donc, les aurifères font très très bien cette année, donc ils ont plus que doublé, les actions des compagnies aurifères, de sorte que la capitalisation boursière des aurifères atteint plus de 11%. Si on retourne au début des années 70, c'est presque un record, Denis. Si j'avais à faire une prévision, c'est que, d'ici la fin de l'année, les aurifères vont surpasser leur record de tous les temps au niveau de leur pondération dans la bourse canadienne. Donc, ça explique quand même une bonne partie de la performance de la bourse cette année.
Mais ça c'est dû au prix de l'or qui arrête pas de continuer à augmenter, là on dépasse les 4000$ U.S. là.
Oui, parce que là à plus de 4000$, si on ajuste pour l'inflation, Denis, en fait, faut pas oublier que ce n'est que seulement que cette année en début d'année que le prix de l'or a surpassé son record de tous les temps qui était établi en 1980. Bon à l'époque, en 1980, le prix de l'or était beaucoup plus bas, mais ajusté en dollars de 2025, c'était un équivalent de 2800. On a commencé l'année en bas de ce niveau-là Denis, puis maintenant on est à plus de 4000$ comme tu le mentionnais. Donc la question, est-ce qu'il y a encore un potentiel haussier pour cette classe d'actifs qui est souvent perçu comme un alternatif dans un contexte géopolitique incertain?
Puis on le voit aussi, c'est que les banques centrales continuent à acheter de l'or comme réserve, peut-être au détriment du dollar américain.
Ben s'il y a une personne qui a de l'expérience à savoir si les banques centrales ont un impact sur les marchés financiers c'est bien toi avec le secteur obligataire, mais ce qu'on voit depuis quelques trimestres, c'est qu'il y a eu une accumulation importante par les banques centrales, plus de 36000 tonnes maintenant sont détenues par les banques centrales en réserve officielle, ce qui nous amène à peu près une détention de quart des actifs des banques centrales maintenant et détenus en or, ça c'est pour l'ensemble de la planète, Denis. Remarque que pour la Chine on est encore en deçà de 8%, donc c'est pour ça que je dis qu'on doit pas sous-estimer l'impact des banques centrales, peut-être dans les prochains trimestres.
Les banques centrales détenaient surtout des bons du Trésor américain. Pour la première fois on voit que, en fait, c'est l'or qui surpasse comme réserve les bons du Trésor.
Ouais parce que je m'attendais à ce que tu me poses une question, parce qu'à 26%, ça semble exagérer si on regarde depuis 2000, mais avec une perspective historique de plus long terme, le fameux 26%, il est relativement, il est très loin des sommets de près de 40, 50% des réserves qui étaient détenues par les banques centrales en or. Mais t'as raison de constater que les actifs détenus en bons du Trésor américain sont tombés à un bas, si on exclut la COVID, des années 90. Donc, il y a un impact des banques centrales important. C'est pas juste de la spéculation des investisseurs de tous les jours, c'est vraiment, il y a aussi une demande institutionnelle pour les aurifères dans une vue de diversification étant donné que ces banques centrales là se disent, ben, qu'est-ce que je fais avec mes bons du Trésor américains quand je connais pas trop trop la politique protectionniste des Américains.
C'est ça. Non seulement ils en ont acheté, mais ils disent qu'ils vont continuer à en acheter encore.
Ben c'est ça qui peut sembler paradoxal, à 26% on dit bien, ils en ont soupé d'acheter de l'or, mais au contraire, en 2025, c'est la première fois depuis que les données sont disponibles que j'ai 43% des banques centrales qui se disent prêts à en acheter davantage. Pourquoi? Parce qu'ils ont cette vision que le dollar américain va prendre un rôle moins grand au niveau de la trame de Fonds mondial, au niveau des échanges de biens et de services à moyen terme.
Rapidement, changeons de sujet, les tarifs ça fonctionne.
Ben les tarifs ça fonctionne. Je pense que ça fonctionne à aider à promouvoir le prix de l'or, Denis, dans un contexte au 3e trimestre. En date du 3e trimestre, c'est la coquette somme de 360 milliards annualisés qui est collectée par les douaniers américains. Denis, la cible de fin d'année c'est 500 milliards, donc je pense que c'est dans ce contexte-là. Est-ce que 500 milliards amènent plus d'inflation? Est-ce que ça pourrait amener plus de volatilité sur les marchés? Je pense c'est la raison pour laquelle les banques centrales, mais aussi les investisseurs en général, se réfugient dans le prix ou dans la commodité or pour le moment.
Ben merci Stéfane et merci à vous tous de nous écouter. Mais surtout ne manquez pas notre prochain rendez-vous en novembre.
Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Aujourd'hui, nous sommes le 2 septembre 2025 et comme à l'habitude, je suis en compagnie de notre chef économiste Stéfane Marion. Bonjour Stéfane.
Bonjour Denis.
Beaucoup de choses se sont passées depuis notre dernier rendez-vous. On commence par les performances de marché.
Il y a beaucoup d'eau qui a coulé sous les ponts, puis il y en aura encore beaucoup Denis dans les mois à venir. Performance du marché Denis, on est vraiment en dehors de cadres de guerre commerciale ou guerre tarifaire comme on le pensait au cours des derniers mois, à savoir que la bourse fait extrêmement bien au niveau mondial. Mais je te dirais Denis, c'est parce que c'est pas vraiment une guerre tarifaire, parce que c'est unilatéral, les Américains mettent des tarifs et personne ne met de représailles de contre tarifs. Donc, ce qui fait en sorte qu’au niveau du, de la façon dont un économiste regarde ça, c'est un peu mélangeant ces temps-ci. Mais pour l'instant, la bourse se comporte admirablement bien. Toutes les régions du monde en hausse. Denis, le Canada, une des meilleures performances au monde depuis le début de l'année-là, 15%.
Mais en même temps, il y a une contradiction, c'est que les chiffres économiques sont pas si bons que ça, la production intérieure brute elle n'est pas là.
Non t'as raison, les États-Unis continuent à afficher une croissance positive de leur économie. Au Canada, ça été difficile au 2e trimestre, Denis. Contraction du produit intérieur brut. Plus important que ça Denis, c'est une contraction au niveau du revenu intérieur brut, donc l'ensemble des revenus générés dans l'économie canadienne en contraction de 3%. Donc, en général, si les entreprises ont moins de revenus, ils vont investir moins, risque d'embaucher moins et ça peut être laissé présager, encore une fois, une performance économique couci-couça en 2e moitié d'année. Donc, jusqu'à présent la bourse a intégré énormément de bonnes nouvelles, mais c'est pas très bon jusqu'à présent.
D'accord, et en même temps les chiffres d'emploi ne sont pas bons, tant au Canada qu'aux États-Unis, mais encore pire au Canada.
Bon bien la bonne nouvelle c'est que peut-être que ça ouvre, ça entre-ouvre la porte à d'autres baisses de taux de la Banque du Canada parce que, effectivement, s'il y a moins de revenus au niveau des entreprises, puis on investit moins à cause de l'incertitude commerciale qui perdure la diffusion, donc le pourcentage des entreprises qui embauchent présentement au Canada, ben c'est en dessous de 50%. Donc, ça laisse présager un taux de chômage qui demeurera élevé, au-dessus de 7% pour les mois à venir. Et encore une fois, Denis, peut-être que la bonne nouvelle dans ce contexte-là, c'est qu'il y aura des baisses de taux au Canada pour aider à protéger l'économie canadienne.
Mais depuis notre dernière rencontre, beaucoup de choses se sont passées. Entre autres, Monsieur Carney fait des pieds et des mains pour donner un peu de la vivacité à l'économie, semble vouloir dépenser beaucoup d'argent.
Mais ça c'est la bonne nouvelle Denis, c'est que depuis qu'on s'est vu, on a vu Monsieur Carney qui veut entamer un siècle de déréglementation au Canada, il veut investir plus au niveau de l'économie, donc il y a un stimuli budgétaire qui s'en vient en 2026 au Canada, c'est pour ça faut pas trop pessimiste pour l'économie canadienne qui sera appuyée sur des dépenses, comme tu l'as dit, importantes au total, mais ils sont aussi un élément de défense nationale, dépenses militaires qui pourraient atteindre entre 3 et demi à 5%, du jamais vu depuis la guerre de Corée, Denis. Et ça, je dirais que, du moment où il y a un secteur, un système d'approvisionnement pour les entreprises canadiennes, ça pourrait être de bon augure pour la performance de l'économie en 2026. Il y a un multiplicateur qui va venir avec ça qui pourrait être positif pour l'économie canadienne.
En fait, il a dû te prendre au mot, parce que dans notre dernière rencontre, on avait dit que la production existentielle, la base industrielle au Canada, c'était une des plus faibles des économies mondiales. Donc, il veut raviver ça.
Oui. Puis je pense que le message porte à Ottawa qu'il est totalement anormal que nous soyons la 7e économie la plus importante au monde or que notre secteur manufacturier soit le 18e au monde, donc, ce qui fait en sorte qu'on ne met pas en valeur nos ressources naturelles, on exporte des matières brutes et notre secteur manufacturier beaucoup trop petit. Donc la façon de le recalibrer ou de le grossir à court terme, moi je pense que ça passe par cet élan qui pourrait provenir des dépenses militaires. Donc, il y a du positif à ça pour la réindustrialisation de l'économie canadienne. Je pense que c'est pour ça que la bourse canadienne performe bien présentement.
Ouais, on est quand même 12 à 18 mois en avance, donc c'est peut-être ça qu'on voit.
Ouais.
Puis en même temps, il faut parler de tarifs naturellement parce qu'on en parle beaucoup. Ça monte, ça descend, mais dans le fond ils font juste commencer à mordre les tarifs.
Ben Denis, la performance boursière a été bonne autour du 2e trimestre, puis toutes les régions ont montrer des bénéfices qui étaient au-dessus des attentes, mais il ne faut pas oublier Denis, faut pas être complaisant par rapport à les impacts des tarifs américains parce que la collecte des revenus n'a commencé qu'au 2e trimestre, plus précisément Denis, à la toute fin en date de juin. Depuis juillet, ça s'accélère donc il y aura peut-être un impact plus néfaste que l'on pense sur l'inflation et sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement mondial. Donc ça reste à prouver que tu peux mettre des tarifs en place sans ramification pour l'économie mondiale.
Puis en même temps, on voit que, étant donné que les tarifs font juste commencer à être en place, l’inflation ne bouge pas trop, c'est toujours à l'entour de 3%.
C'est une grande source de frustration pour le président américain parce que, qu'on le veuille ou pas, l'inflation présentement elle est prise à 3%. Qu'un changement de 3 mois ou un changement sur 12 mois. C'est bien au-dessus de la cible normale d'une Banque centrale dont la Réserve fédérale qui est autour de 2%. Donc ça, ça chicote, ça pourrait chicoter les marchés. Encore une fois, c'est peut-être la preuve que l'impact des tarifs, on n'a pas vu l'entièreté de ce que ça veut dire au niveau économique et financier.
Puis en même temps, au-delà de tout ça, les taux d'intérêt, eux ils montent, puis ils montent beaucoup.
L'inflation plus persistante avec une Réserve fédérale qui peut devenir plus politisée, parce que il y a des pressions à Washington pour politiser la Réserve fédérale puis la forcer à baisser les taux, fait en sorte que sur le niveau, le marché obligataire, Denis, dont tu es un spécialiste, les taux de 30 ans aux États-Unis maintenant sont autour de 5%, donc du jamais-vu depuis 2008, 2009. Ce qui est inusité, Denis, c'est que la Réserve fédérale a déjà entamé un cycle d'assouplissement monétaire. Puis depuis ce temps-là, les taux 30 ans, les taux à long terme sont en hausse. Manque de discipline au niveau de la politique budgétaire donc, même si on baisse encore plus, l'enjeu pour les marchés boursiers et pour les marchés financiers à moyen terme, c'est, qu'est-ce qui va se passer sur les taux d'intérêt à long terme, si l'inflation ne se résorbe pas.
Effectivement, donc courbe des taux d'intérêts encore plus pentue. C'est ce qu'on voit un petit peu là présentement.
Absolument, et donc la prime de risque sur les marchés, des actions présentement, elle est autour de 0 où elle pourrait tomber négative, donc c'est là où on entre dans une période où historiquement la bourse peut être plus volatile. Si je n'arrive pas à faire baisser ces taux tendant-là, il faut demeurer, il ne faut pas être complaisant pour les prochaines semaines Denis. Donc, à voir comment tout ça se dessine. Ce que l'on sait, c'est que pour l'année 2026, Washington veut déployer un plan stimuli budgétaire d'envergure. Dépenser 600 milliards de dollars dans un contexte des élections de mi-mandat. Je dois contrebalancer ça avec des gains de productivité aux États-Unis qui pourraient venir de déréglementation ou de déploiement d'intelligence artificielle. On verra Denis, mais présentement, l'enjeu c'est que je dois trouver une soupape pour permettre au taux long terme de baisser.
Et puis pour fermer la boucle, faut parler du dollar U.S. qui lui, n'arrête pas de se déprécier.
Ah bien belle façon de terminer Denis. Si les investisseurs étrangers boudent le dollar américain alors qu'ils détiennent 30% de l'ensemble des obligations américaines dans un contexte d'incertitude sur l'inflation, politisation de la Réserve fédérale, le dollar américain sous pression, et dans ce contexte-là, c'est à surveiller pour les prochaines semaines. Ça c'est pas terminé. Je pense qu'il a encore un potentiel baissier plus important pour le dollar américain parce que c'est une politique avouée de Washington de vouloir déprécier la monnaie. Reste à voir maintenant l'impact sur l'inflation, les taux d'intérêt, les marchés financiers, donc, gestion du risque pour les prochaines semaines, Denis, important.
Notre dernière rencontre t'étais très positif. Est-ce que t'as gardé ce positivisme-là?
Par rapport au Canada, je suis optimiste, je suis satisfait de voir que finalement Ottawa prend une tangente qui est plus porteuse pour l'économie en 2026. Cela étant dit, ce qu'il reste à prouver, c'est que on peut mettre en place des tarifs de façon importante comme les États-Unis le font présentement, ça va avoir des impacts plus importants sur l'ensemble des marchés financiers. Donc, je pense que la volatilité, l'accalmie qu'on a vu cet été, à surveiller cet automne dans ce contexte d'inflation résiliente.
Effectivement. Merci Stéfane.
Merci.
Merci à vous tous de vous joindre à nous. Nous vous donnons rendez-vous le mois prochain, début octobre. D'ici là, bon investissement. Merci.