Géopolitique en bref

2025-06-16

Avec le sommet du G7 qui débute aujourd’hui à Kananaskis, en Alberta, nous avons jugé utile de vous partager les dernières analyses internes concernant la négociation commerciale canado-américaine.

Points forts – Une conjoncture difficile, mais des opportunités à saisir

  • Le Canada souhaite diversifier ses exportations, mais sa forte dépendance géographique et économique envers les États-Unis — son voisin immédiat et principal partenaire commercial — rend cette diversification difficile, car la majorité du commerce mondial se concentre dans des blocs régionaux proches et intégrés.
  • Les liens économiques et politiques profonds entre les deux pays limitent les divergences possibles.
  • Le premier ministre Mark Carney doit convaincre Washington que le Canada est un partenaire stratégique dans la reconstruction industrielle américaine, notamment face à :
    • La hausse des coûts énergétiques
    • Les défis logistiques
    • Le rapatriement des chaînes d’approvisionnement

Quel avenir pour les secteurs de l’acier et de l’aluminium du Canada ?

L’administration Trump a doublé les droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens (jusqu’à 50 %), justifiant cette mesure par des objectifs de sécurité nationale, de relance industrielle et de réduction du déficit commercial.

Dépendance américaine aux importations :

  • En 2024, 25 % de l’acier utilisé aux États-Unis était importé, principalement du Canada, du Brésil et du Mexique.
  • Pour l’aluminium, la dépendance est encore plus marquée : environ 50 % est importé.
    • Le Canada est de loin le principal fournisseur, avec 3,2 millions de tonnes livrées en 2024, soit plus que les neuf autres pays suivants combinés.

Défis de la production américaine :

  • Les États-Unis ne comptent plus que quatre usines d’aluminium de première fusion, contre 23 au début des années 2000.
  • Aucune nouvelle usine d’électrolyse n’a été construite depuis 45 ans, bien que deux projets soient en cours.
  • La production d’aluminium est très énergivore : une usine moderne consomme autant d’électricité qu’une ville comme Boston, ce qui crée une concurrence avec les centres de données technologiques.

Le secteur automobile du Canada – défis à court et long terme

Contexte commercial et douanier :

  • Les droits de douane de 25 % sur les importations automobiles imposés par l’administration Trump ont été partiellement suspendus.

Tensions et incertitudes :

  • De nouvelles hausses tarifaires sur les pièces non conformes, notamment en provenance de Chine, sont attendues.
  • L’ACEUM a relevé le contenu nord-américain obligatoire de 62 % à 75 %, mais les droits de 2,5 % n’ont pas suffi à faire respecter cette règle.

Concurrence internationale :

  • Un accord entre les États-Unis et le Royaume-Uni permet l’entrée de 100 000 véhicules britanniques à un tarif réduit (10 % au lieu de 27,5 %).
  • Cela soulève une question clé : le Canada peut-il rester compétitif si un tarif de 10 % s’applique au-delà d’un certain seuil d’exportation ?

Déclin structurel au Canada :

  • La production automobile canadienne a chuté de 3 millions à 1,5 million de véhicules entre 2000 et 2023.
  • En comparaison, la production au Mexique a fortement augmenté, attirant davantage d’investissements.

La fixation de D. Trump sur l’agriculture

Le cas du Canada :

  • Le système de gestion de l’offre canadien (produits laitiers, volaille, œufs) impose des droits pouvant atteindre 300 % au-delà des quotas.
  • Dans l’ACEUM (2018), le Canada a accordé :
    • Un accès de 3,6 % de son marché laitier aux États-Unis.
    • Un accès illimité pour la volaille et les œufs, sous quotas.

Pressions américaines :

  • Bien que les seuils d’exportation n’aient jamais été dépassés, Trump continue de viser le démantèlement du système canadien.
  • Cette position bénéficie d’un soutien bipartisan aux États-Unis, ce qui pourrait forcer le Canada à faire de nouvelles concessions dans de futures négociations.

Comment la vision de D. Trump de la défense affectera le Canada

Pressions américaines sur les alliés :

  • L’administration Trump exige que les alliés augmentent leurs dépenses militaires pour continuer à bénéficier de la protection américaine et de l’accès au marché américain.
  • Cette exigence n’est pas nouvelle : dès 2011, le secrétaire à la Défense Robert Gates avertissait que la patience des États-Unis envers les alliés peu dépensiers s’amenuisait.

Situation du Canada :

  • Le Canada n’a longtemps pas respecté la cible de 2 % du PIB fixée par l’OTAN, atteignant seulement 1,37 % en 2024.
  • Le premier ministre Mark Carney a promis d’atteindre les 2 % dès cette année, soit cinq ans plus tôt que prévu.

Défis budgétaires :

  • Le Canada fait face à des priorités concurrentes : baisses d’impôts, infrastructures, soutien parlementaire, et un ralentissement économique potentiel.
  • Les dépassements de coûts dans les projets militaires sont fréquents.

Le dossier F-35 :

  • En réponse aux menaces de Trump sur les droits de douane, M. Carney a annoncé un réexamen de la commande de 88 avions F-35
    • Le Canada n’est légalement tenu d’en acheter que 16.
    • Un changement de modèle entraînerait des retards, des coûts accrus  et la gestion de  deux flottes distinctes .
  • Ce réexamen est perçu comme une tactique de négociation, visant à obtenir des concessions commerciales en échange de l’achat d’équipements militaires américains.

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